À moins de trois mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux, la flamme olympique a fait son entrée, mercredi, sur le sol français. L’histoire retiendra que c’est à Marseille, souvent présentée comme l’irréconciliable antagoniste de la capitale, que les JO de Paris ont débuté. Et déjà, plusieurs voix discordantes se sont fait entendre dans la bouillonnante cité phocéenne. Comme l’association Clean My Calanque, qui organise depuis sept ans des ramassages sur les plages de Marseille et a refusé de porter la flamme olympique. En cause, la présence et l’omniprésence de Coca-Cola, dont les contenants vides sont ramassés par milliers par les bénévoles de l’association marseillaise. « Le Monde » révèle que la firme d’Atlanta, partenaire des Jeux depuis 1928, aurait versé 100 millions d’euros par an au CIO pour être présent un peu partout avant et pendant les JO. Lors du relais de la flamme, la multinationale organisera plusieurs grands concerts et ses camionnettes Coca et Fuze Tea accompagneront les 10 000 porteurs de flamme, dont mille cinq cents sélectionnés par ses soins. Accro à l’eau potable, au plastique et au sucre, Coca-Cola pose évidemment des problèmes en matière d’environnement, de santé publique et de probité, mais elle n’est pas la seule marque douteuse à être associée de très près aux JO. Tous les grands de ce monde, ou presque, le sont. Pour escorter le Belem, mardi, au large de Marseille, le Greenland, un porte-conteneurs de 366 mètres de long, propriété de la CMA-CGM, troisième entreprise mondiale de transport maritime et autre partenaire poids lourd des Jeux. Pour illustrer le gigantisme de Paris 2024, on pourrait également citer le million d’euros déboursé par la ville de Marseille pour ce prologue, les 255 000 € du département, de la région et de la métropole, les 180 000 € acquittés par la soixantaine de départements (dont la Marne) pour voir passer la flamme sur leur territoire, sans oublier les dépenses pharaoniques liées à la sécurité, aux transports ou aux infrastructures. Et c’est peut-être ce qui détourne une partie des Français de ces Jeux olympiques, si l’on en croit les sondages peu flatteurs. Dans un contexte de finances publiques exsangues et de dérèglement climatique majeur, le défilé des marques, la débauche de moyens, la démesure sécuritaire donne à la plus grande compétition sportive mondiale un parfum d’excès. En ces temps de sobriété nécessaire, la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort » prend ici un tout autre sens.